Iverson ou l’avènement du Durag dans le basketball

Du feu des projecteurs à la ghettoïsation du Durag.

Allen Iverson est un personnage à part dans le paysage basket de la fin des années 90. Son style sûr et en dehors des parquets ne laisse pas indifférent. Tresses collées aux motifs affriolants maintenues par des durags, tatouages étudiés dans les moindres détails ou tenues XXL renvoyant à l’image des rappeurs de l’époque ; Iverson c’est l'avènement de la rue. Le premier à avoir osé s’affirmer de la sorte dans une league aux règles strictes et à l’image contrôlée. Victime de son allure et de son jeu flashy cette vedette précoce est soumis très tôt aux critiques d’une Amérique conservatrice.

L’image du Durag dans les années 2000

Il n’est pas rare au début des années 2000 de voir des jeunes du monde entier arborer tresses, durags et les fameux longs sleeves arms (bandeaux de contention recouvrant tout le bras) en hommage au joueur. Avec Allen Iverson tout prend une sorte de second sens et les interprétations sont multiples. Malgré lui, le joueur revendique une forme d’être vrai et quoiqu’il fasse, il défraie la chronique fascinant des médias qui n’ont de cesse de broder une mythologie peu glorieuse autour du personnage. Des fréquentations jugées néfastes feront défaut au joueur lorsque des instigateurs du bon sens, tentent après une rixe de mettre un terme à sa jeune carrière en l’envoyant derrière les barreaux à 18 ans. Impliqué dans une sombre affaire visant à l’inculper avant son intronisation en NBA, Iverson sait désormais qu’il dérange par le simple fait d’être authentique et son accoutrement est associé à l’image des gangs.

Seul derrière les barreaux, il ne sait sans doute pas qu’il est en marche pour écrire une page de l’histoire du basket mondial. Celle de l’après Micheal Jordan, le moment où le style de la rue est entrée avec fracas dans ce sport pour s’y affirmer sans complexe. Avec son style comme passeport, Iverson redore le blason d’une forme de mythologie gangsta qui contre toute attente, se marie à merveille avec la balle orange. Visuellement, il devient une marque forte qui touche les téléspectateurs du monde entier. Mais avec l’avènement du second millénaire, les durags, bandana et codes capillaires liés à cette culture seront jugés discréditant pour l’image de la NBA qui associera ces accessoires traditionnels à une revendication violente. Le durag et ces accoutrements deviennent un sujet politique dans une league conservatrice qui instaurera le fameux code vestimentaire, imposant aux joueurs de se présenter en costume pour toutes représentations publique.

Le basketball et le durag : une histoire qui semblait écrite

Le basket et le durag, c’est une histoire qui semblait écrite, celle d’un sport pratiqué en grande majorité par des Afro-Américain dans une league en plein essor. Le respect de certaines pratiques capillaire et culturelles y était donc indispensable. Malgré toutes les questions entourant l’accoutrement du personnage, il existe des réponses évidentes : Le fait de porter des tresses à longueur de temps requiert de les garder entretenues par un durag, et ce, malgré l'enchaînement des matches. Iverson a d’ailleurs été l’un des premiers joueurs professionnels à tout mettre en œuvre pour que sa coiffeuse attitrée Dionne Matthews, puisse s’occuper de ses cheveux durant ses déplacements. Il affrètera pour elle un avion pendant toute sa carrière.


Les mentalités semblent aujourd’hui évoluer. À mesure que les voix de joueurs s’élèvent, des règles plus flexibles autorisent désormais les joueurs à porter des Durags pendant leur échauffement d’avant match. Avec son numéro 3 désormais retiré dans la ville de Philadelphie et son intronisation au temple de la renommée, le fameux Hall of Fame, Iverson à su mettre à profit le fait d’être simplement lui. Un pionnier capillaire qui ne s’est jamais caché. Savait-il que 20 ans après, son style serait encore étudié, disséqué ? Cet antihéros à l’ascension fulgurante et à la chute vertigineuse n’en demeure pas moins être un basketteur hors pair, une légende de ce sport. Porte-étendard  d’une contre culture dont il est malgré lui devenu le symbole, Iverson n’a peut être pas livré tous ses secrets. Il est l’instigateur de questions, celles qui ont au moins le mérite d’être posés et comme il le dit lui-même “Habiller un type avec un costume trois pièces n’en fait pas un gars bien.”

 

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